Dossier - Le malaise vagal du traileur

"Le malaise vagal est un signal d'alerte du corps, un fusible qui coupe le circuit du traileur trop gourmand d'effort physique et peu enclin au repos".
Jean marc Devaux secouriste exerçant sur un grand nombre de Trails, nous informe et nous conseille sur les raisons de ce malaise somme toute fréquent en Trail et encore plus dans l'ultra.
Petit tour d'horizon sur les risques encourus lorsque l'on s'aligne sur des efforts de plusieurs heures.
Sur les conseils d'un secouriste expérimenté, sachez dépister les raisons du malaise.

 

 

GENERALITE DU MALAISE


Avant toutes choses il n'est pas inutile que je fasse un rappel sur ce qu'est le malaise vagal.
C'est une hypotension survenant à l’effort, lors d’une fatigue anormale ou de circonstances inhabituelles comme la chaleur ou un effort soutenu. Il ne faut pas confondre ce malaise avec la « mort subite à l’effort » même si l’ont peut craindre le pire avec une réelle perte de connaissance.
Ce malaise peut survenir par stimulation excessive du nerf vague, qui a le rôle de réguler différentes fonctions végétatives et notamment le rythme cardiaque, mais aussi en cas de diminution brutale d’apport d’oxygène au cerveau.
Ce malaise est la traduction d’un ralentissement du rythme cardiaque associé à une chute de tension artérielle ; cette baisse du débit sanguin au niveau du cerveau va se traduire par un étourdissement, voire une perte de connaissance.
Quelles sont les origines du malaise ?
Le cœur s’accélère à l’effort provoquant une tachycardie amenant de l’oxygène aux muscles et au cerveau.
Pour bien battre, le cœur est régulé par le système sympathique dont le nerf vague. C’est grâce à cette régulation que l’ont peut vivre normalement. Lors d’un effort le nerf vague  peut s’emballer et trop ralentir le cœur ; celui-ci ne fournit plus l’oxygène nécessaire aux muscles et au cer

veau et c’est le malaise dit vagal par hypotension artérielle (chute de tension + manque d’oxygénation).
Ce malaise peut être provoqué par :
-une station debout prolongée
- une atmosphère chaude ou confinée
-après un repas ou une forte émotion
-une fatigue physique et prolongée comme le trail ou ultra trail
-une hypoglycémie

Mais aussi par une mauvaise récupération entre deux trails ou un entraînement trop rapproché et ou trop violent pour l’organisme, mais aussi combiné avec une mauvaise alimentation et une récupération mal gérées.


Est-il fréquent de voir un traileur victime d'un malaise ?


Connais-toi toi-même et le ciel t’aidera !
Sur un trail de 110km dont je tairais le nom j'ai dû intervenir sur 12 cas de malaise vagal !!
Tous traileur qui se respecte doit connaître ses limites à l’effort. Mon premier conseil serait de demandez une ordonnance à votre docteur pour passer un test à l’effort en mèdecine du sport à l'hopital, avec mesure de la valeur de  VO2max et du seuil de anaérobie, ce sera déjà un bon début et un avantage indéniable à la connaissance de ses capacités physiologiques et fonctionnelles importante pour mener un entrainement intelligent. Evidemment même le traileur aguerri n’est pas à l’abri d’un malaise vagal.(condition physique moyenne le jour j, surmenage pernicieux, stress augmenté, fatigue latente…).
En général les gens qui pratiquent ce sport connaissent assez bien leurs limites (c’est déjà un bon point !). Dans la liste non exhaustive des problèmes liés à la pratique du trail il y a dans l’ordre :
-déshydratation
-coup de chaleur
-ampoules de frottement
-entorses (faire des straps en prévention)
-crampes, lombalgies
-tendinites
-courbatures

Le niveau d’entraînement, mon deuxième conseil est de ne pas arriver sur un trail du jour au lendemain sans avoir habitué son corps à un effort aussi intense et sur une longue durée) joue aussi son rôle dans la prévention du malaise. Il faut garder à l’esprit qu’un effort comme le trail se prépare des mois à l’avance, avec un entraînement adapté  comme le footing et la marche avec dénivelé positif (commencer avec du petit dénivelé en augmentent petit à petit la distance et la pente).
Avoir un suivi régulier de l’entraînement et une logique : ne pas s’entraîner un mois avant la course à courir dans tous les sens, et une fois la course terminée ne plus rien faire, car l’après-course est aussi important que la préparation physique. Le repos fait parti intégrante de l’entraînement !
Bien sûr, une bonne hygiène de vie fera 50% de la préparation au trail ; ainsi manger des glucides à foison, consommer des bons lipides, s’hydrater constamment, dormir comme un loir, telles sont les règles immuables lorsque l’on fait du trail son objectif.
N’oubliez pas que ce genre de sport met à rude épreuve les organismes (traumatismes musculaires, articulaires et tendineux) et quelque fois le mental (abandon, fatigue profonde). Alors ne vous lancez pas dans des défis sans préparation !

MON EXPERIENCE DE SAUVETEUR :


En tant que pompier pro je suis souvent recruté pour encadrer et sécuriser des trails, notamment le dernier Aravistrail en haute savoie. Je vois toutes sortes d'événements sur un trail, mais la seule qui me permette de vous dire toutes ces choses en connaissance de cause c’est que les participants ne sont jamais assez entraînés ; ils sont pleins de bonne volonté. Quand votre corps dit STOP écoutez-le avant qu’il ne soit trop tard.
Même les tout bons ne sont pas à l'abris d'une défaillance physique.
Je dois dire aussi que certains organisateurs calcule trop juste leur porte horaire de mise hors course, ce qui oblige des traileurs à dépasser leur limite.

Quels sont les signes avant-coureur d'un malaise ?

Les sensations de malaise ne se feront sentir qu’après une certaine durée de course ; les signes les plus probants seront :
-sensation de faiblesse (jambes en coton)
-vision trouble (voile gris ou noir)
-bâillement
-faiblesse musculaire brutale entraînant une chute si la personne est debout
-respiration ample
-sueurs, nausées voire vomissements, bourdonnements
-perte de connaissance parfois accompagnée de convulsions
-mal de ventre, maux de tête
-bouffées de chaleur
-sécheresse de la bouche
-picotements des extrémités (mains, pieds, sommet du crâne avant perte de connaissance)
Le malaise peut être isolé, mais peut être parfois récidivant.

Conduite à tenir face à un malaise
Il n’est pas possible dans la phase initiale d’un malaise vagal d’exclure une autre cause de malaise d’origine cardio-vasculaire ou neurologique. Un malaise vagal, bénin en lui-même, peut être une manifestation d’une affection plus grave.
La conduite à tenir est la même pour tous les malaises :
-évaluer la conscience, respiration, pouls
-allonger la personne (jambes surélevées si malaise vagal)
-rassurer la personne, expliquer ce que l’on fait
-questionner sur antécédents médicaux (allergie, maladies, traitements en cours)
-avis d’un médecin si nécessaire (appeler le 15, SAMU)

BON A SAVOIR :


Les syncopes vagales sont particulièrement spectaculaires mais ne présentent pas de danger en tant que telles pour le patient. Toutefois les chutes provoquées par les pertes de connaissances peuvent être à l’origine de traumatismes si le traileur se trouve dans un passage un peu escarpé. Le malaise vagal n’intervient pas en pleine course, car les signes avant-coureurs obligent immanquablement le compétiteur à ralentir, voire à s’arrêter bien avant de subir ce malaise à proprement dit.
A noter qu’une personne qui fait un malaise vagal peut plus facilement faire un deuxième malaise dans les heures qui suivent si les facteurs déclencheurs sont à nouveau réunis.
La victime doit être vigilante à la fin du malaise, ne pas rester immobile si elle a eu les jambes levées ; elle doit ensuite éviter les risques de répétition du malaise : se reposer et manger doivent être ses priorités.



Pourquoi l’échauffement est il nécessaire avant un trail ?
Le cœur est un muscle, celui-ci doit être prêt à répondre aux besoins d’apports en oxygène et en différents éléments nutritifs que l’organisme va lui demander.  L'échauffement consiste à mettre en œuvre toute la chaîne d’oxygénation, mais surtout à le préparer à monter d’une pulsation minimale à une pulsation maximale en très peu de temps et sur une longue durée.
Pour un sujet normal le rythme cardiaque baisse progressivement pendant 2 à 3 minutes après un premier effort intense, puis connaît une chute soudaine (de 185 à 130 pulsations /min) appelée coup de frein vagal.
Pour un jeune sportif particulièrement entraîné, le système parasympathique connaît un surentraînement. Ainsi, après une épreuve à la limite de ses possibilités, le coup de frein vagal de ce sujet dépasse son objectif. Le cœur ralentit normalement puis s’arrête provoquant un évanouissement. Il se remettra à battre quelques dizaines de secondes plus tard sans aucune aide extérieure et le sujet reprendra connaissance.
Le coup de frein vagal est provoqué par la libération totale du stock d’acétylcholine, médiateur produit par les neurones parasympathiques.
Tant que toutes les vésicules d’acétylcholine n’ont pas été épuisées, le sportif reste en arrêt cardiaque. Le cœur ne reprendra qu’une fois qu’il n’est plus freiné par l’action du système parasympathique.
En course, le malaise peut arriver suite à l’arrêt soudain et brusque de l’effort (ravitaillement) et/ou par la chaleur, une déshydratation, la fatigue et une douleur musculaire intense.
Pendant l’effort buvez régulièrement mais pas en grosse quantité ; mangez  tout ce qui peut apporter des vitamines et sel minéraux (fruits sec, bananes…), et si ça ne va pas bien après tout ça, rappelez-vous : STOP.

et l'après course ?

Ne pas couper l’effort tout de suite après la ligne d’arrivée, continuer à trotter ou marcher vite afin que le cœur redescende régulièrement dans des pulsations normales ; ventiler avec de grandes respirations (inspiration par le nez, et expiration par la bouche) afin que l’oxygène apporte le moins de co2 possible.
Au cours d’un effort intense et de longue durée comme le trail, il s’est produit trois choses importantes :
-perte d’eau importante
-perte de sels minéraux (sodium, magnésium, potassium, calcium, etc .)
-le corps a puisé dans les réserves de glucides et a abimé certain tissus

Que faire pour rétablir ces 3 éléments ?

Aider le corps à récupérer, marcher lentement* l’objectif étant de drainer l’acide lactique sans en fabriquer à nouveau (*à faire de suite après l’effort car l’acide lactique se gélifie et se fige dans les muscles très vite).
Réhydratation avec des éléments riches en potassium et sodium (fruits secs, bananes, oranges, eaux gazeuses st yorre par ex.…) et surtout boire même si vous ne ressentez pas la sensation de soif.
Plus les traileurs que les traileuse ?
Les accidents sur une course n’auront pas plus d’incidence chez l’homme ou la femme, tout cela tient essentiellement de l’entraînement que l’on accorde à sa pratique.
Mais il y a un petit pourcentage en plus chez l’homme pour la simple et bonne raison que l’homme ne sait pas dire stop ; il ira toujours au bout de lui-même quitte à pousser ses limites au-delà du raisonnable (question de fierté sans doute) ; il semble que les femmes sachent s’arrêter quand il le faut.

Une dernière chose avant votre départ : vérifiez les fonds de sacs et ne négligez pas les éléments suivants qui sont obligatoires sur un trail -on ne néglige pas la sécurité surtout en trail où une certaine autonomie est demandée aux participants- :
-couverture de survie
-lampe frontale avec piles de rechange
-un sifflet, une pharmacie premiers secours
Alors voilà mon point de vue basé sur ce que je vois sur un trail, mais aussi en tant que secouriste. Pour ma part le trail demande une réelle auto-discipline et un entraînement à la hauteur de vos espérances.

Bon trail à tous !

ASSOCIATION SECOURS 07
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