Dossier - Pourquoi rester bien au chaud quand on est malade ?

Courir malgré les premiers frimas de l'hiver c'est trés tentant, mais un mauvais rhume vous gâche la vie. Combattez d'abord ce virus avant que cela ne dégénère et ne vous mette complètement sur le "toit". En cette période où l'on associe hiver et froid avec fièvre, nez bouché, mal de gorge et maux de tête, ce petit dossier va peut être vous éclairer sur un état fébrile qui dure et vous rassurer sur des performances en chute libre.

Phase I : L'alerte = les symptômes !

Qui n'a jamais ressenti ces courbatures, ces jambes qui flageolent, cette tête qui commence à chauffer, ces frissons, etc, etc...voilà les prémices d'un état maladif qui s'annonce ! La maladie n'est pas encore apparue ouvertement que déjà, la fatigue et les premiers signes nous alertent sur un affaiblissement général de l'organisme (asthénie) qui ne peut qu'empirer. On appelle cela familièrement « couver quelque chose »...c'est la phase d'incubation.

Conséquences : C'est un mécanisme de défense : le corps nous impose une mise au repos !!!

Comment réagit le corps ? :

 

  • L'activation d'une substance, la « cytokine » permet de coordonner la réponse immunitaire via le cerveau. C'est une protéine produite par les globules blancs qui font face à un agent pathogène

  • Elle lance une première offensive : des cellules qui « mangent » les agresseurs (les macrophages)

  • La contrepartie de cette défense est :

    • l'apparition de fièvre (une partie de la cytokine se fixe au niveau cérébral) : le corps chercherait, en élevant sa température, à accélérer le métabolisme de défense.

    • la chute de l'appétit, la fatigue, les troubles de la concentration, les pertes d'équilibre : le corps essaie de réduire au maximum ses dépenses énergétiques (digestion par exemple) pour orienter ses réserves vers le mécanisme de lutte.

    • un état musculaire fébrile, voir des courbatures : la lutte demandant une énergie importante, la cytokine recrute des acides aminés libres au niveau du muscle. Il se sert aussi des protéines musculaires comme combustible ce qui explique les douleurs !

C'est un état de survie...
L'organisme tout entier est voué à une cause : la lutte contre l'ennemi, à savoir la maladie...
Toute surcharge d'activités physiques entraînera une augmentation du temps de récupération !
Sachez écouter votre corps et mettez vous au repos...
À vos couettes...prêt...partez !

Phase II : la lutte au niveau musculaire : 

  • Certains acides aminés récupérés dans le muscle sont envoyés dans le foie où ils servent à la construction de nouvelles protéines plus utiles dans la lutte contre la maladie.

  • D'autres acides aminés pris dans le muscle compensent le manque d'énergie du à un état anorexique en servant de carburant (notamment la leucine, l'isoleucine et la valine)

  • Enfin, les acides aminés du muscle sont mis directement à contribution des globules blancs pour synthétiser en masse des cellules (ADN, ARN) pour seconder les macrophages mis en difficulté dans la lutte contre l'infection. La glutamine en fait partie...elle pourra être construite via des aliments riches en gluten (pain, pâtes, semoule, etc) qui seront donc bien utiles dans ce combat !

En clair, plus on est malade, plus le muscle est touché !

 Phase III : Les conséquences sur la forme et l'entraînement du sportif :

  • La force musculaire maximale lors d'un effort isométrique est diminuée de 15% après une semaine de maladie bénigne. D'où l'impression de ne pas avoir de muscle durant un retour à la compétition. On peut même voir la fonte musculaire à l'oeil nu dans les cas les plus sévères !

  • Les aptitudes aérobies peuvent être diminuées de 25% !!!

D'où ce phénomène provient-il ?

  • Une altération de certaines protéines du coeur, lui aussi mis à contribution pour la lutte contre l'infection.

  • Une baisse d'activité de certaines enzymes musculaires utilisées dans les efforts intenses (par exemple, la LDH « lactate déshydrogénase », la cytochrome oxydase mitochondriale).

Ces 2 défaillances du système entraînent une mauvaise oxygénation musculaire et donc une acidose importante dans les muscles.

Conclusion : Ne comptez pas réaliser une performance durant cette période !
La fatigue musculaire et générale est normale car le corps oriente toute son énergie à lutter contre l'agression infectieuse. C'est contradictoire mais la reprise doit être lente et progressive afin de revenir au meilleur niveau, le plus rapidement possible...
Il faut donc éviter tout effort physique et musculaire intense afin de ne pas surcharger l'organisme et retarder le retour à la compétition.



Dossier rédigé par Rudy Gouy